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Les Idées Religieuses De Cartier

suspect. « Monseigneur, disait-il, connaît toutes les lois que M. Cartier a fait passer, soit pour permettre à l’évêque lui-même de tenir registres, soit pour régulariser les paroisses et les registres qui n’étaient pas conformes à la loi. Mgr l’évêque ne saurait nier les efforts de M. Cartier pour arrêter des projets de loi destinés à abolir la dîme, et que c’est à son influence qu’est due l’adoption d’un statut qui, étendant aux townships l’opération des lois françaises, a permis d’y établir des paroisses canoniquement et civilement comme dans le reste du pays, et, comme conséquence, de prélever la dîme en faveur du clergé catholique. Il sait que, depuis dix ans qu’il est en position d’aviser le gouvernement du Canada, on ne saurait citer un seul cas où il a été en défaut. Il est inutile d’énumérer les nombreuses lois passées par son influence, depuis plus de quinze ans, pour incorporer des communautés religieuses, des collèges, des maisons d’éducation ou des institutions de charité, ou pour protéger les droits des corporations religieuses dans la commutation des droits seigneuriaux, toutes mesures dont l’évêque de Montréal a eu parfaitement connaissance. »

L’œuvre assurément est considérable. Elle explique, oserons-nous le dire, le grand prestige dont jouit Cartier auprès de ses compatriotes. « Le chef des Canadiens français ne pouvait être un indifférent, encore moins un incrédule », écrivait M. Sulte au lendemain de la mort du grand homme d’État. Mot vrai et profond dans son apparente banalité. Devons-nous à notre sens catholique d’avoir gardé une idée encore assez juste de la vraie taille humaine ? Nul chez nous n’a mérité longtemps la confiance des foules et n’a remué profondément l’âme de la race, qui n’ajoutait, au ta-