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Pour Qu’on Écrive L’Histoire

Combien ces rivières seraient moins suggestives, si les Français n’y étaient point passés les premiers avec leur bravoure et leur esprit d’aventure. »

Chateaubriand écrivait avant Finley que le Mississipi regrette toujours « le génie des Français » Eh bien, que ce génie y retourne pour ressaisir toute cette noble histoire. Ce butin est à vous, Franco-Américains, à vous plus qu’à tout autre en votre pays. Ce sont les vôtres, des historiens sortis de vos rangs, qui devront un jour recueillir ces majestueux souvenirs pour les faire revivre dans la forme éternelle que seuls trouveront les fils authentiques de ce passé. Vous le ferez d’abord, pour montrer à vos compatriotes d’une autre origine, l’antiquité et la noblesse de votre race. Vous le ferez ensuite pour l’enseignement de vos propres enfants. Dans votre pays où l’on porte si haut le culte des vertus de la volonté, la suprême aventure des chevaliers de la Nouvelle-France enseignera à vos fils le goût des nobles initiatives, la passion des entêtements magnifiques pour la survivance de votre idéal. Même je vois poindre le jour où des poètes issus de votre race feront à tout ce pays la prière de Mistral, supplieront l’âme de la patrie antique, l’âme qui chante et qui vibre sur les bords de l’Hudson, de l’Ohio et du Meschacébé, de venir s’incarner dans leurs poèmes. Ce jour-là l’une des plus grandes formes de la poésie américaine sera née.