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Marguerite Bourgeoys



L’un de ses premiers biographes l’a dit naïvement : elle a été « un des plus beaux ornements de cette colonie ».

Elle appartient à l’histoire de Ville-Marie, à cette histoire unique qui commence un jour de février 1641, par une messe de M. Olier, à l’autel de la Sainte Vierge, en la cathédrale de Notre-Dame de Paris. Là, dans ce décor choisi par eux, s’étaient donné rendez-vous, auprès du fondateur de Saint-Sulpice, quelques Français de foi magnifique qui voulaient cette chose : bâtir dans le Nouveau-Monde une cité à Marie.

Marguerite Bourgeoys fut bientôt de ce grand dessein. La jeune fille champenoise vint ici en 1663. Elle fut de la deuxième recrue de Ville-Marie, de celle qui acceptait le poste où, depuis dix ans, l’on ne tenait plus que par miracle. De bonne heure Marguerite a fait voir son penchant aux décisions magnanimes. Elle a vingt ans quand elle entre au Carmel. Mais le cloître qui va bien à son goût d’immolation, ne va pas à sa nature ardente, avide de grand air. Elle attend l’heure de la Providence qui, un jour, met sur son chemin un chevalier de la Nouvelle-France : Paul Chomedey de Maisonneuve. Par lui, elle entend parler d’un pays où il n’y a qu’à travailler et à souffrir, où les tâches sont plus grandes que les courages humains, où il faut des femmes pour soigner les héros qui tombent, des éducatrices pour les enfants qui vont venir. Marguerite n’en veut pas savoir plus long : son avenir est décidé : là-bas, sa place est marquée