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Notre Maître, Le Passé

nir. Un jour, si la patrie l’exige, si les heures tragiques surviennent, alors, dans l’atmosphère morale du pays, maintenue ardente et purifiante, des âmes plus grandes surgiront, des hommes se lèveront, incarnations de toutes les volontés, de toutes les aspirations de la race ; une fois de plus ce sera la rencontre d’une belle nature française et de tous les enthousiasmes de la foi, et, dans l’histoire de la Nouvelle-France, apparaîtra la deuxième légion Dollard.

La même alliance de la foi et de l’âme française perpétuera chez nous les dévouements dont nous avons besoin non pas un jour ou l’autre, mais tous les jours, non pas seulement aux heures tragiques, mais à chaque instant de notre vie nationale.

Ici, près du champ clos où se sont immolés les chevaliers, je puis en appeler à leur exemple. Mais j’en appelle aussi à toute notre histoire. Si, depuis trois siècles, nous nous sommes entêtés à ne pas mourir, si la Nouvelle-France est restée une réalité vivante ; si nos poitrines se dilatent dans une atmosphère respirable ; si les égoïstes et les démissionnaires eux-mêmes peuvent poursuivre en paix leurs rêves de sensualistes et de fainéants, à qui le doivent-ils, à qui le devons-nous, si ce n’est aujourd’hui comme hier, à cette petite minorité d’idéalistes et de combatifs qui, malgré les frayeurs des pusillanimes et malgré les ricanements, continuent à vivre, et quelquefois à mourir, pour leur pays, pour leur race et pour le Christ ?

Comme jadis elle a gardé serrés les uns près des autres, les compagnons du Long-Sault, comme elle les a liés jusqu’à la fin dans le serment de la mort, gardons la foi qui nous unit, gardons la langue qui nous relie à cette glorieuse histoire.

Un soir de la dernière guerre, dans les tran-