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un concours d’histoire

ment Madeleine de Verchères, François Hertel et aussi ce grand Dollard que vous avez trop lestement écarté. Toi, Paul, garde bien à la première page de ton cahier de thèmes, cette lettre au Père Lemoine. Faire de l’héroïsme, c’était pour les enfants de la Nouvelle-France, le thème, le devoir à faire de tous les jours. Non, jamais main d’enfant, et, en cela, tu as bien dit, mon cher Paul, n’a écrit en notre pays, choses plus simples, ni plus sublimes que ce petit Hertel. C’est le langage d’un héros emprunté à la légende des martyrs. »

« Toi, Thérèse, fixe bien dans ton souvenir les vaillantes sentences de Madeleine de Verchères, une autre enfant sublime, celle-là ! Ces sentences, tu le verras plus tard, tracent tout un programme de vie à la jeune fille de qualité. Qu’est-ce que veulent dire, par exemple, des phrases comme celles-ci : « Les gentilshommes ne sont nés que pour verser leur sang au service de Dieu et du roi » ; et, « Je vous rends les armes, Monsieur ? » Cela veut dire, Thérèse, qu’ici-bas on ne reçoit de la noblesse que pour accepter plus de devoirs. On doit suppléer quelquefois les hommes, mais leur rendre les armes pour les batailles qui leur reviennent. Comme Madeleine encore, il n’est pas mauvais de mettre à son âme, avec la pointe de l’héroïsme, un petit panache d’audace souriante, bien française. Nous sommes un peuple qui a le devoir de toutes les fiertés. »

« Mais souvenez-vous que ni Madeleine ni même François Hertel ne sont peut-être aussi grands que Dollard. Eux n’ont combattu que pour eux-mêmes ; Dollard s’est sacrifié pour son pays. Dollard n’a pas été surpris par l’ennemi ; froidement, délibérément, après s’être engagé à ne jamais demander quartier, il a risqué la mort ; pour la Nou-