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Page:Groulx - Notre maître, le passé, 1924.djvu/86

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Notre Maître, Le Passé

qui auront ouvert les grandes routes du continent.

L’expédition illustre magnifiquement l’énergie française. Ils ne sont que sept Français dans les deux canots. Et cependant ces sept hommes ont parcouru, en quatre mois, l’aviron à la main, près de 3,000 milles. L’entreprise paraît tellement audacieuse aux Indiens eux-mêmes, qu’on les voit tout émus de la hardiesse des explorateurs ; les premiers sauvages rencontrés en route par Jolliet se découvrent même le génie inventif de Camoëns, pour dresser aux portes du Mississipi, une sorte de géant Adamastor.

Les résultats de la découverte furent immenses. La jurisprudence internationale alors en vigueur veut que tout le pays arrosé par un fleuve appartienne à la nation des découvreurs. Vous voyez alors la conséquence : puisque les Anglais n’ont pas encore occupé un seul point de ce vaste bassin, en droit strict ils restent donc enfermés entre l’Acadie, les Alléghanys, la Floride et l’océan Atlantique, cependant que la France double l’étendue de son empire. La découverte du Mississipi ne serait qu’une amorce à d’autres vastes annexions, s’il est vrai qu’en se familiarisant avec les sources du Mississipi et ses hauts affluents, les explorateurs rejoindraient un jour les fleuves de la prairie occidentale.

L’Église gagnait de nouveaux domaines où allait s’illustrer l’apostolat de ses missionnaires. Parmi les nations découvertes, il y avait la grande nation des Illinois, qui firent promettre à la Robe-noire de les revenir visiter. N’est-ce pas même au pays des Illinois et sur les rives du Mississipi, que s’établira au dix-huitième siècle, le dernier centre des missions des Jésuites dans l’Amérique du Nord ?