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XIX


Cependant l’épouvante grandissait, et les nuits n’étaient plus possibles. Le Fossoyeur dut quitter sa maison : les Morts, maintenant, frappaient aux vitres dès le soir. « Et ils emplissent toute ma maison. Pas un recoin où l’un d’entre eux… Et quand je fixe un coin où il me semble qu’il n’y a personne, alors, là aussi, j’en découvre un, et c’est celui qui est le plus horrible. »

Le Fossoyeur habita dans le bourg. Sa maison faisait face à la nôtre. Au crépuscule il se barricadait, pensant, chaque soir, par quelque nouvelle invention, avoir trouvé enfin le moyen de dormir tranquille. Je le voyais à l’aube, tout blême encore de peur : « Ils sont venus. Et je les ai tous vus : Celui des Hauts, et Maître Pierre, et la Maîtresse, et le Chaoul, et le Curé, et le Maître d’École, et tous ces enfants qui sont morts ! Et ils criaient tous : « Dis, qu’attends-tu ? Dis, qu’attends-tu ? » là tous ensemble, et j’avais ce cri dans l’oreille,