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LE SURVENANT

gea au pied de la couchette dans une position peu confortable. Au milieu de la nuit, un bruit de paroles l’éveilla. Dans la cuisine Didace parlait seul :

— Didace Beauchemin, là, je t’attrape ! T’es pas capable de boire sans te saouler, hein ? Eh ! ben, tu prendras plus un coup du carême. Pas un ! Tu m’entends ? Réponds…

Alphonsine attendit qu’il se tût. Puis, sa main en écran près du globe, elle leva la lampe et avança à pas comptés jusque dans la cuisine. Didace était étendu tout rond par terre près du poêle, le chien à ses côtés. Elle ne put le convaincre de se coucher dans le lit. Alors elle prit un oreiller et le lui passa sous la tête, et elle alla chercher une courtepointe pour l’en couvrir. Mais quand elle revint à lui, de nouveau il reposait, la tête sur le plancher nu, et il tenait, pressé entre ses bras, l’oreiller de duvet, avec tendresse, eût-on dit.