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MARIE-DIDACE

ver, c’est comme si elle faisait un effort, comme si elle devait traverser de l’eau, ben de l’eau. Ça doit donc être ennuyant ! »

Il la plaignit.

— Eh ! vieille, ils te parlent, lui dit-il doucement.

L’Acayenne battit des cils :

— Hein ! quoi ?

Elle se redressa, de ce port de tête fier que donne à certaines femmes l’opulence de la chair.

— Ils te demandent ce que t’en dis.

— Ah ! moi ? Rien.

Ce fut tout.

— J’en connais une qui a pas dû se coucher tard dans sa vie, dit le commerçant de Sainte-Anne en clignant de l’œil vers le groupe des hommes.

— Pourquoi ? questionna une des femmes.

— Parce que… elle me fait pas l’effet d’une personne éreintée.

Flattée de l’hommage naïf, l’Acayenne éclata de rire. Phonsine n’y vit rien de drôle. Loin de là, elle trouva sa belle-mère effrontée de rire ainsi des propos du commerçant. Et risible aussi. Semblable à une poule qui glousse.

Ses épaules grasses encore agitées de rire, l’Acayenne se dirigea vers la chambre. De son long service dans les chalands où les portes étroites exposent aux heurts fréquents, elle avait gardé l’ha-