Page:Guérin - Le Cœur solitaire, 1904.djvu/75

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XXV


J'écris; entre mon rêve et toi la lampe chante.
Nous écoutons, muets encor de volupté,
Voleter un phalène aveugle dans la chambre.
Ton visage pensif est rose de clarté.

Tu caresses les doigts que je te laisse et songes :
« Si vraiment il m'aimait ce soir, écrirait-il ? »
Tu soupires, tes mains tressaillent, et tes cils
Palpitent sous tes yeux en fines grilles d'ombre.

Je devine un chagrin secret, et je t'attire
Tu fais sous mon baiser un effort pour sourire,
Et voici que, longtemps, le cœur lourd de sanglots,

Silencieuse et sans vouloir être calmée,
Tu pleures, inquiète et jalouse des mots
Qui te parlent de notre amour, ma bien-aimée.