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Page:Guaita - Rosa mystica, 1885.djvu/151

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l'aimant.


Mon pied s’écorche aux durs cailloux, et les buissons
Déchirent ma chair… Et qu’importe ?
La prunelle au zénith, (curieux des chansons
Que la brise errante m’apporte,)

Je trouve, en contemplant les sereines splendeurs
Des grands ciels violets ou roses,
L’Oubli des maux, dans les mystiques profondeurs
Ruisselantes d’apothéoses !

Le vol éblouissant de mes Pensers, vêtus
De rhythmes, en guise de voiles,
— Tels voltigent au vent des milliers de fétus —
Montent, montent jusqu’aux étoiles ;

Et dans mon corps meurtri, lassé, silencieux,
Rien ne reste plus de moi-même :
Mon Être véritable a rejoint, dans les cieux,
L’aimant que j’adore — et qui m’aime.