Aller au contenu

Page:Guaita - Rosa mystica, 1885.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
préface

forme — mais spécialement calculées et voulues. Gautier compare ce style « à ces étoffes d'Orient, à la fois solides et grossières, où les fils de soie et d’or se mêlent à des fils de chanvre rudes et forts..... où les plus délicats ornements courent, avec de charmants caprices, sur un poil de chameau bourru ou sur une toile âpre au toucher, comme une voile de barque. » Ce pittoresque rapprochement donne l'impression d’étrange sorte. C’est cela même.

Veut-on deux exemples de ces fautes d’un Impeccable?…

Quel artiste ne voit point une ruse exquise et pleinement justifiée, dans cette rime indigente, révélatrice de paresse alanguie et d’abandon rêveur :

« Des esclaves nus…
« Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
« Et dont l’unique soin était d’approfon-dir
« Le secret douloureux qui me faisait lan-guir ? »

Ailleurs ne semble-t-il point qu'on sente le frais souffle du crépuscule avant-coureur de l’aurore, à lire ces deux vers d’une construction identique, si négligée et monotone :

« La Diane chantait dans la cour des casernes,
« Et le vent du matin soufflait sur les lanternes. »