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Page:Guaita - Rosa mystica, 1885.djvu/50

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rosa mystica

culte d'un panthéisme plastique. Il clame en vers superbes le rut de son esprit et de sa chair ; il aime avec emportement — avec terreur aussi : c'est qu'il pressent qu'un pareil amour porte en soi un germe de mort individuelle ; car la nature détruit à mesure quelle engendre, et seules les races ne sauraient périr… — Mais, qu'importe ! cette mort, il la convoite et l'appelle de tous ses vœux :

J’adore ta Beauté pour ce qu’elle me tue…
J’adore ta Beauté pour en vouloir mourir !

Néanmoins, il faudrait être aveugle pour ne voir en Silvestre qu'un satyre éperdu d’un perpétuel érethisme. M. Silvestre est un grand poète ; ses cris d’amour sont eurhythmés, sa fureur même est esthétique : trop épris d’harmonie pour rouler jamais à un réalisme abject, le plus souvent il divinise la Femme au paroxysme de la passion, et tombe, en une chaste et fervente extase, à ses pieds.

« L’Éternel Féminin » de M. Joseph Gayda nous présente une conception analogue de l'Amour, mais