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Page:Guaita - Rosa mystica, 1885.djvu/60

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rosa mystica

M. Jean Lorrain, (qu'il importe de ne pas confondre avec le gracieux fantaisiste de Paris-Rose[1]) a su, dans « Le Sang des Dieux » et la « Forêt Bleue », traduire en images éclatantes de bien fugitives impressions. Il a le secret de la couleur intense, mais, ne sachant pas pondérer ses effets, il demeure avec tous les éléments d'un excellent artiste, un assez peccable rhétoricien. Toutefois, il a écrit des sonnets d'une grande allure et qui méritent de rester. — Quant à son livre récent « Modernités », nous n'en parlerons pas : un poëte de talent a toujours tort de sacrifier ses références sur l'autel du Réalisme, cette idole au cerveau étroit qu'encense une multitude stupide, tout en liesse de se prosterner devant le symbole de ses banalités et de ses platitudes[2].

Ils ne sont pas rares, hélas ! ces exemples de beaux

  1. Paris-Rose, par M. Georges Lorin (Ollendorff).
  2. Pour ceux qui s’étonneraient de nous voir omettre, à propos de modernisants, le nom de M. Paul Déroulède, nous tenons à protester ici de notre haute estime pour ce brave et loyal officier.
    Nous serions fâches qu’on doutât encore de nos sentiments à l’endroit de M. Eugène Manuel, qui nous a pourtant mis en retenue, alors que nous étions encore « sur les bancs du lycée. » On voudra bien remarquer notre abnégation..... Ah ! l’université n’est point, à coup sûr, une institution sans prestige. Mais comment tolère-t-elle « en son sein » cet enfant terrible d’Emmanuel des Essarts, qui se permet d’avoir du talent ?