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Page:Guaita - Rosa mystica, 1885.djvu/65

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préface

finé, mais pourvu d'articulations et de muscles forts, n'est comparable qu'à celle de M. Fernand Icres, dont le poème « Une conquête » est un monument taillé dans le granit des Pyrénées.

La muse rustique a gardé tant de pieux adeptes, en ces jours de subtilités laborieusement difficultueuses, qu'il ne s'en faut guère que chaque province n'ait son barde jaloux.

M. André Lemoyne semble affectionner surtout la Normandie, avec ses falaises abruptes, ses riches pâturages plantés de pommiers, ses villages endormis au creux des vallons de verdure et d'ombre, puis la mer toute verte, à l'horizon[1]. Sobre et large, la langue de M. Lemoyne — qui continue la grande et belle tradition classique — lui désigne sa place, à mon goût, bien au dessus de M. André Theuriet, le poëte au souffle peut être plus soutenu, mais au style diffus parfois, ou d’une exubérance douteuse. Ce n'est pas que Theuriet n'ait su rendre, intense et vrai, le charme spécial des

  1. M. Charles Frémine a, lui aussi, bellement chanté la Normandie.