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Page:Guaita - Rosa mystica, 1885.djvu/73

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préface

puissance de la Convention ; l'artiste les peut envisager et mettre en œuvre comme il ferait de choses sensibles.

L'art grec, notamment, nous a transmis un grand nombre de figures idéales, allégoriques pour la plupart : les divinités païennes, par exemple. — Ne sont-elles pas des personnes, ces sublimes inventions du Poëte, qui ont vécu des siècles dans la foi naïve d’un peuple, et vivent encore, et vivront dans la religieuse admiration de tous ceux-là qui ont à cœur le culte de la Beauté ?

J'aime ardemment l'allégorie, où se condense, en une forme concrète, la pensée, — radieuse sous ce voile pour les Initiés, énigmatique et ténébreuse pour les êtres étrangers à l’art — ce qui est souverainement réjouissant..... Je pense qu'on peut conserver et utiliser à nouveau les belles allégories des anciens, sans renoncer soi-même à en créer de nouvelles : Ainsi la Muse, (tant raillée et anathématisée si fort !) a pour moi des charmes ensorceleurs où s'égarent toute mon admiration et tout mon amour :

— L'on te dit surannée, ô Déesse ! Mais les Êtres réels peuvent seuls vieillir, captifs en la fange qui sans trêve fermente de l'Éternel Devenir ; Être idéal, tu demeures éternellement jeune et beau, par le privilège de ton néant divin ! Salut, Inspiratrice, à la fois la Mère