Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/101

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vage, les chargea de liens, et tua ceux qui résistaient ; plusieurs qui voulurent passer la rivière à cheval furent emportés à la mer par l’impétuosité du courant. La femme de Waroch en renvoya ensuite plusieurs avec des cierges et des lettres[1] xxiv comme délivrés de servitude, et ils retournèrent chez eux. L’armée, qui avait passé la première n’osa retourner par le chemin qu’elle avait pris en venant, de peur qu’on ne lui rendit le mal qu’elle avait fait ; elle se dirigea vers la ville d’Angers pour aller trouver le pont placé sur la Mayenne ; mais une petite troupe qui passa la première fut dépouillée, maltraitée et réduite aux dernières ignominies. En passant par Tours, ils pillèrent et dépouillèrent beaucoup de gens, parce qu’ils avaient surpris les habitants à l’improviste. Plusieurs de cette armée revinrent vers le roi Gontran, disant que le duc Ébrachaire et le comte Wiliachaire avaient reçu de l’argent de Waroch pour faire périr l’armée. Ébrachaire fut donc appelé devant le roi qui, après lui avoir dit beaucoup d’injures, lui ordonna de se retirer de sa présence ; le comte Wiliachaire s’enfuit, se cachant en divers lieux.

La quinzième année du roi Childebert [en 590], qui était la vingt-neuvième du roi Gontran, le roi Gontran, chassant dans la forêt des Vosges, y trouva les restes d’un buffle qu’on avait tué. Le garde de la forêt, sévèrement interrogé pour savoir qui avait osé tuer un buffle dans la forêt royale, nomma Chaudon, chambellan du roi.

  1. Cum tabulis : on appelait tabularii les esclaves affranchis devant l’Église ; le maître se présentait à l’église, remettait son esclave à l’évêque en présence du clergé et du peuple, et demandait qu’on rédigeât l’acte d’affranchissement qui portait le nom de tabula.