Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/112

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penses-tu pas qu’il y aura une résurrection des morts et un jugement ? Que l’apôtre Paul te réponde donc, comme aux autres incrédules : Si Jésus-Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vaine, et votre foi est vaine aussi[1]. » Le prêtre se retira attristé, promettant de croire en la résurrection, conformément à la série de textes des saintes Ecritures que nous avons rapportés.

Il y avait en ce temps un diacre de la ville de Paris nommé Théodulf, une sorte de demi savant, qui souvent à cause de cela faisait naître des disputes. Il vint de Paris à Angers, et l’évêque Audovée le prit avec lui, à cause de l’ancienne amitié qu’ils avaient liée étroitement, dans le temps qu’ils habitaient ensemble à Paris. En sorte que Ragnemode, évêque de la ville de Paris, excommuniait souvent Théodulf parce qu’il refusait de revenir à la cathédrale dans laquelle il avait été ordonné diacre. Celui-ci était arrivé à une telle familiarité avec l’évêque d’Angers que l’évêque ne pouvait se délivrer de lui, car il était bon et rempli de bienveillance. Il arriva qu’il avait élevé sur les murs de la ville une terrasse d’où, après son festin, il descendait pour souper, s’appuyant sur le diacre ; celui-ci était tellement pris de vin qu’à peine pouvait-il avancer. Irrité, je ne sais pourquoi, il frappa de son poing la tête du serviteur qui marchait devant avec la lumière, et de l’impulsion qu’il s’était donnée, comme il ne pouvait se soutenir, il tomba du haut du mur, avec la même violence, saisissant dans sa chute le mouchoir de l’évêque qui pendait à sa ceinture ; et l’évêque serait

  1. Ire Épît. de S. Paul aux Corinth. chap. 15, v. 14.