Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/118

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sainte Radegonde pour qu’elle en fit prendre soin. Celle-ci me fit appeler, et m’ordonna, si je le pouvais, de le soulager. Alors, comme je l’avais vu faire autrefois aux médecins de la ville de Constantinople, je lui coupai les testicules et le rendis guéri à sa mère affligée. Je n’ai jamais su que l’abbesse ait, eu la moindre connaissance de la chose. Chrodielde, ne pouvant la trouver coupable de ce fait, commença à porter contre elle plusieurs autres cruelles accusations. Ses assertions et les réponses de l’abbesse ayant été insérées dans l’acte de leur procès, le mieux est de le rapporter ici en entier.

À nos seigneurs les rois très glorieux ; les évêques présens :

Avec la protection de la divinité, la religion expose ses affaires aux princes pieux et catholiques donnés au peuple, et auxquels obéit ce pays ; car elle sait, par les lumières du Saint-Esprit, qu’elle se fortifie et se consolide par les décrets de ceux qui gouvernent. Comme par l’ordre de votre puissance, nous nous sommes réunis dans la ville de Poitiers pour rétablir l’ordre dans le monastère de Radegonde de bienheureuse mémoire, et pour connaître des altercations qui se sont élevées entre l’abbesse et les religieuses, lesquelles prenant un conseil très peu salutaire, se sont séparées du troupeau ; les parties évoquées, nous avons interrogé Chrodielde et Basine sur les causes qui leur avaient inspiré l’audace de briser les portes du monastère, et de le quitter au mépris de leur règle, en sorte que la congrégation rassemblée en ce