Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/128

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en son nom, et en avoir reçu réponse de Chilpéric. Mais il comparut un de ses serviteurs de confiance, qui avait tenu note de ces écrits dans les volumes de chartes ; en sorte que les juges ne purent douter qu’ils ne lui eussent été envoyés. Alors on produisit des pactes faits au nom des rois Childebert et Chilpéric, et dans lesquels il était convenu que les deux rois, après avoir chassé le roi Gontran, partageraient entre eux son royaume. Le roi nia que la chose eût été faite de son consentement et dit : « Pourquoi as-tu commis ensemble mes oncles, afin d’élever entre eux la guerre civile ; d’où il est résulté qu’une armée s’est mise en marche, et que la ville de Bourges, le pays d’Étampes et le château de Melun ont été dévastés et dépeuplés, et que, dans cette guerre, plusieurs ont été tués, dont je pense que Dieu, en ses jugemens, te redemandera les ames. » L’évêque ne put nier ces choses, car on les avait trouvées par écrit en une cassette, dans le cabinet du roi Chilpéric ; ces écrits étaient parvenus au roi lorsque après la mort de Chilpéric, ses trésors avaient été enlevés à Chelles, maison des champs dépendante de la ville de Paris, et lui avaient été apportés. La discussion s’étant prolongée longtemps de cette manière, le vicaire Épiphane, supérieur clé la basilique de saint Remi, vint et dit que l’évêque avait reçu deux mille pièces d’or et beaucoup de joyaux pour demeurer fidèle en l’amitié du roi Chilpéric. Les envoyés qui étaient allés avec lui vers ce roi furent aussi présens et dirent : « Il nous laissa et parla longtemps avec lui ; nous n’entendîmes rien de ce qu’ils se dirent, et ne le connûmes que par les malheurs qui