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DE FRÉDÉGAIRE.

mort, tant ils avaient de crainte de lui. L’envoyé des Goths s’embarqua en Italie pour retourner par mer en Espagne. Mais, par la volonté divine, le projet de ces rois ne fut pas accompli. Théodoric, en ayant été informé, ne considéra ces desseins qu’avec un grand mépris.

Cette année Théodoric, suivant les conseils perfides d’Aridius, évêque de Lyon, et de son aïeule Brunehault, fit lapider saint Didier, revenu de son exil. Depuis le jour de sa mort, le Seigneur daigna constamment faire éclater à son tombeau d’étonnans miracles : ce qui doit faire croire que c’est à cause de ce crime que fut détruit le royaume de Théodoric et de ses fils.

Cette année, Wilterich étant mort, fut remplacé sur le trône d’Espagne par Sisebod, homme sage, plein de piété, et célèbre par toute l’Espagne ; car il combattit avec courage contre la république romaine, et soumit au royaume des Goths la Biscaye, qui avait autrefois appartenu aux Francs. Un duc nommé Francion, qui avait soumis la Biscaye dans le temps des Francs, avait long-temps payé des tributs au roi des Francs ; mais cette province étant revenue à l’empire, les Goths s’en emparèrent, et Sisebod ayant pris plusieurs cités de l’empire romain situées sur le rivage de la mer, les détruisit de fond en comble. Comme l’armée de Sisebod taillait en pièces les Romains, Sisebod, rempli de piété, disait : « Malheur à moi, sous le règne duquel il se fait une si grande effusion de sang humain ! » Il délivrait de la mort tous ceux qu’il rencontrait. L’empire des Goths en Espagne fut établi depuis le rivage de la mer jusques aux Pyrénées.