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DE FRÉDÉGAIRE.

et tout ce qu’il avait pu rassembler, et le combat s’engagea une seconde fois. On rapporte que jamais une pareille bataille ne fut livrée par les Francs et les autres nations. Il se fit un si grand carnage des deux armées que, là où les phalanges combattaient, les cadavres des hommes tués n’avaient pas de place pour tomber, et qu’ils demeuraient debout et serrés, les cadavres soutenant les cadavres, comme s’ils eussent été vivans. Par le secours du Seigneur, Théodoric vainquit encore Théodebert, dont l’armée fut taillée en pièces depuis Tolbiac jusqu’à Cologne. Théodoric couvrit le pays de ses soldats, et s’avança le jour même jusqu’à Cologne, où il s’empara des trésors de Théodebert. Il envoya à la poursuite de Théodebert, au-delà du Rhin, son camérier Berthaire, qui, l’ayant vivement poursuivi pendant qu’il fuyait avec un petit nombre de ses soldats, l’amena captif à Cologne auprès de Théodoric, qui le fit dépouiller de ses vêtemens royaux, et donna à Berthaire son cheval avec la housse du roi. Théodebert fut conduit enchaîné à Châlons ; son jeune fils, nommé Mérovée, fut saisi, par l’ordre de Théodoric ; un soldat le prit par les pieds, le frappa contre une pierre, et, ayant eu la cervelle brisée, il rendit l’ame. Clotaire, selon son traité avec Théodoric, prit en son pouvoir tout le duché de Dentelin. À cause de cela Théodoric, enflammé d’une trop grande colère, car il était déjà maître de toute l’Austrasie, fit marcher son armée contre Clotaire.

La dix-huitième année de son règne[1], Théodoric fit faire des levées dans l’Austrasie et la Bourgogne,

  1. En 613.