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CHRONIQUE

un des ducs lombards, qui gouvernait la province de la Toscane, enflé d’orgueil, se souleva contre le roi Charoald.

La reine Gondeberge, belle à voir, bienveillante envers tout le monde, remplie de piété et de religion, généreuse en aumônes, était chérie de tous à cause de sa bonté. Comme un certain homme de la nation des Lombards nommé Adalulf, et qui venait assidûment au palais pour rendre ses devoirs au roi, se trouvait une fois en sa présence, la reine, qui l’aimait de même que les autres, dit qu’il était d’une belle taille. Adalulf l’ayant entendu, dit tout bas à la reine : « Vous avez daigné louer ma taille ; permettez-moi d’entrer dans votre lit. » La reine le refusant avec force et le méprisant, lui cracha au visage. Adalulf voyant qu’il courait risque de la vie, se rendit en toute hâte vers le roi Charoald, demandant à lui expliquer en secret ce qu’il avait à lui dire. Ayant donc choisi un endroit, il dit au roi : « Ma maîtresse, ta reine Gondeberge, a parlé en secret pendant trois jours avec le duc Tason ; elle veut t’empoisonner, et, épousant Tason, l’élever sur le trône. » Le roi Charoald ajoutant foi à ces mensonges, envoya la reine en exil à Lumello, la faisant renfermer dans une tour. Clotaire ayant envoyé des députés au roi Charoald, pour s’informer du motif pour lequel il humiliait la reine Gondeberge, parente des Francs, et pourquoi il la tenait en exil, Charoald répondit par les mensonges ci-dessus rapportés, comme s’ils eussent été véritables. Alors un des députés nommé Ansoald, sans que cela lui eût été enjoint, mais de lui-même, dit à Charoald : « Tu pourrais arranger