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CHRONIQUE

Scharpeigne[1], nommé Berthaire, lui trancha la tête avec son épée à la porte de la chambre du roi.

La quarante-deuxième année du règne de Clotaire[2], Dagobert vint par l’ordre de son père avec ses Leudes, dans un appareil royal, à Clichy près de Paris, et reçut en mariage la sœur de la reine Sichilde, nommée Gomatrude. Le troisième jour après les noces, il s’éleva entre Clotaire et Dagobert son fils, une sérieuse querelle. Dagobert demandait tout ce qui appartenait au royaume d’Austrasie, pour le soumettre à sa domination, et Clotaire refusait avec force de le lui céder. Ces deux rois choisirent douze seigneurs d’entre les Francs, pour que leur jugement terminât cette contestation ; parmi ces seigneurs était Arnoul, évêque de Metz, ainsi que d’autres évêques ; et selon sa sainteté, il parlait toujours de paix au père et au fils. Enfin, les évêques et les plus sages seigneurs accordèrent le fils avec le père, qui lui céda ce qui appartenait au royaume des Austrasiens, ne gardant que ce qui était situé en deçà de la Loire et du côté de la Provence.

La quarante-troisième année du règne de Clotaire, mourut Warnachaire, maire du palais. Son fils Godin, d’un esprit léger, épousa cette année même sa belle-mère Berthe. Clotaire, enflammé contre lui d’une extrême colère, ordonna au duc Arnebert, qui était marié à une sœur de Godin, de l’attaquer avec une armée et de le tuer. Godin voyant son danger s’enfuit avec sa femme en Austrasie, auprès du roi Dagobert, et saisi d’une grande crainte du roi se réfugia

  1. Scarpona ; bourg à peu de distance de Pont-à-Mousson.
  2. En 625.