Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/21

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furent pas annoncées aux rois comme elles étaient. On leur dit seulement que l’évêque défendait Gontran. En sorte que le roi irrité dit : « Si l’évêque ne veut pas sortir de sa maison, qu’il périsse en même temps que l’auteur de toutes ces perfidies. » Ces paroles ayant été rapportées à l’évêque, il envoya des messagers au roi, et lorsqu’ils lui eurent raconté ce qui se passait, le roi Gontran dit : « Mettez le feu à la maison, et si l’évêque ne veut pas sortir, qu’ils brûlent tous les deux. » Les clercs, en l’apprenant, brisèrent la porte et mirent l’évêque dehors. Alors le malheureux Gontran, se voyant de toutes parts entouré de flammes, ceignit son épée et sortit à la porte. Mais, au moment où il mettait le pied sur le seuil, un trait qui lui fut lancé par un des hommes de la foule l’atteignit au front. Étourdi de ce coup et presque hors de sens, comme il tâchait de tirer son épée, il fut frappé de tant de lances que, les pointes s’enfonçant dans ses flancs et le bois des lances le soutenant, il ne put tomber à terre. On tua aussi le petit nombre de ceux qui étaient avec lui, et leurs corps furent exposés dans les champs avec le sien. À grand peine put-on obtenir des princes la permission de les recouvrir de terre. C’était un homme vain dans sa conduite, dévoré du désir d’avoir et avide outre mesure du bien d’autrui, donnant à tous sa foi et ne tenant jamais sa promesse. Sa femme fut envoyée en exil avec ses fils. Ses trésors furent portés au fisc. On trouva dans ses coffres une immense quantité d’or, d’argent et de divers joyaux, et ceux qu’il avait cachés en terre, poussé par le sentiment de ses iniquités, ne demeurèrent pas ignorés. Désireux de connaître l’avenir,