Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
DE FRÉDÉGAIRE.

vinces de l’empereur Héraclius. Héraclius envoya des troupes pour s’opposer à eux[1]. Le combat s’étant engagé, les Sarrasins furent vainqueurs, et taillèrent leurs ennemis en pièces. On rapporte que, dans cette bataille, les Sarrasins tuèrent cent cinquante mille soldats. Ils envoyèrent des députés à Héraclius pour lui offrir de rendre les dépouilles. L’empereur, désirant se venger des Sarrasins, ne voulut rien recevoir d’eux. Ayant levé dans toutes les provinces de l’Empire un grand nombre de troupes, il envoya une députation du côté des Portes Caspiennes, qu’Alexandre-le-Grand avait construites en airain au-dessus de la mer Caspienne, et qu’il avait fait fermer pour repousser l’invasion des peuples barbares, qui habitent au-delà du mont Caucase[2]. Héraclius fit ouvrir ces portes, et par-là vinrent, contre les Sarrasins, cent cinquante mille soldats qu’il loua à prix d’argent. Les Sarrasins, ayant deux chefs, étaient près de deux cent mille. Les deux armées ayant assis leur camp non loin l’une de l’autre, afin de commencer la bataille le lendemain matin, dans cette nuit même l’armée d’Héraclius fut frappée du glaive de Dieu. Cinquante-deux mille soldats moururent étendus dans leur camp ; et, devant sortir le lendemain pour combattre, quand ils virent qu’une très-grande partie de leur armée avait péri par le jugement de Dieu, ils n’osèrent s’avancer pour com-

  1. Frédégaire confond ici et raconte pêle-méle, de la façon la plus fabuleuse, les guerres d’Héraclius contre les Perses et celles qu’il eut aussi à soutenir contre les Arabes, alors dans la première ferveur des conquêtes et de la foi ; on peut lire le récit de ces dernières guerres dans l’Histoire de la décadence et de la chute de l’empire romain, par Gibbon, t. 10, pag. 203 et suiv.
  2. Défilé du Caucase où est aujourd’hui la ville de Derbent.