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CHRONIQUE

vallée de Corbière ils en vinrent aux mains. Les Sarrasins vaincus, renversés, et voyant leur roi tué, prirent la fuite. Ceux qui avaient échappé, voulant s’enfuir sur des vaisseaux, se jetèrent à la nage dans la mer, et ils sautaient les uns sur les autres pour se sauver. Mais les Francs, montés sur des vaisseaux, et armés de javelots, se précipitèrent sur eux, les tuèrent, et les firent périr dans les flots. Ainsi vainqueurs de leurs ennemis, les Francs s’emparèrent d’une grande quantité de butin, firent une multitude de captifs, et ravagèrent avec leur duc tout le pays des Goths. Charles détruisit de fond en comble les villes les plus célèbres, Nîmes, Agde, Béziers, y mit le feu, et ravagea les faubourgs et les châteaux de ce pays. Après ces victoires, toujours guidé et soutenu par le Christ qui décide des combats, Charles retourna sain et sauf dans le territoire des Francs, au siège de son empire.

Au bout de deux ans[1], Charles envoya dans la Provence son frère Childebrand, dont nous avons parlé, avec des comtes et une armée. Ils arrivèrent à la ville d’Avignon, où Charles se hâta de les rejoindre. Il ramena sous son pouvoir tout le pays, jusqu’au rivage de la grande mer. Le duc Mauronte s’enfuit dans des rochers inaccessibles. Le prince Charles, après avoir acquis tout ce royaume, revint victorieux, personne ne se révoltant contre lui. De retour dans le pays des Francs, il tomba malade à Verberie, sur les bords de l’Oise.

Dans ce temps[2], le saint pape Grégoire[3] envoya,

  1. En 739.
  2. En 741.
  3. Grégoire III.