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CHRONIQUE

L’année suivante[1] les Allemands ayant manqué à leur foi envers Carloman, ce prince saisi d’une grande fureur entra avec une armée dans leur pays, et tua un grand nombre des rebelles.

Au bout d’un an[2], Carloman, enflammé d’un saint amour de piété, remit son royaume avec son fils Drogon entre les mains de son frère Pépin, et se rendit à Rome dans l’église des saints apôtres Pierre et Paul, pour entrer dans l’ordre des moines. Par cette succession s’affermit beaucoup le pouvoir de Pépin.

La même année, les Saxons, selon leur coutume, s’efforcèrent de rompre la foi qu’ils avaient jurée au frère de Pépin : celui-ci fut donc forcé de marcher contre eux avec une armée. Les rois des Wénèdes et des Frisons vinrent à son secours : ce que voyant les Saxons furent saisis d’épouvante à leur ordinaire, et, après qu’un grand nombre d’entre eux eurent été tués ou emmenés en captivité, et leur pays ravagé par les flammes, ils demandèrent la paix, se soumirent aux Francs comme par le passé, et promirent d’acquitter exactement à l’avenir les tributs qu’ils avaient autrefois payés à Clotaire. Un grand nombre d’entre eux voyant qu’ils ne pouvaient résister à la bravoure des Francs, et perdant courage, demandèrent les sacremens chrétiens.

À leur tour les Bavarois, par le conseil d’hommes méchans, manquèrent aussi à leur fidélité envers le prince Pépin : c’est pourquoi ayant levé une armée considérable, il s’avança dans leur pays[3]. Frappés de

  1. En 746.
  2. En 747.
  3. En 749.