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DE FRÉDÉGAIRE.

Pendant que cela se passait[1], le roi Pépin envoya une ambassade à Constantinople à l’empereur Constantin, pour s’assurer de son amitié, et régler les intérêts de son pays. L’empereur Constantin lui envoya également des députés porteurs de beaucoup de présens[2], et ils se promirent l’un à l’autre foi et amitié., Je ne sais par quelle cause les promesses qu’ils s’étaient faites ne s’accomplirent nullement.

Après que le pays se fut reposé de guerres pendant deux ans, le roi Pépin envoya des députés à Waïfer, prince d’Aquitaine, pour lui demander de rendre aux églises de son royaume les biens qu’elles possédaient en Aquitaine[3]. Il voulait que ces églises jouissent de leurs terres avec toutes les immunités qui leur étaient jadis assurées ; que Waïfer cessât de faire entrer sur leurs domaines, et contre l’usage ancien, des juges et des percepteurs ; que ce prince lui payât, selon la loi, le prix de la vie de certains Goths qu’il avait tués contre toute justice ; enfin, qu’il remît en son pouvoir ceux des hommes de Pépin qui s’étaient enfuis du royaume des Francs dans celui d’Aquitaine. Waïfer repoussa avec dédain toutes ces demandes. Alors le roi Pépin, bien contre son gré, rassembla une armée, traversa le pays de Troyes, et arriva à la ville d’Auxerre, pour marcher de là sur l’Aquitaine. Arrivé avec les guerriers Francs au bord de la Loire, il traversa ce fleuve près du bourg de Mesve, dans le diocèse d’Auxerre, s’avança du Berry jusqu’en Auvergne, dévasta toute cette contrée, et incendia la plus grande

  1. En 757.
  2. Parmi ces présens était un orgue, le premier qu’on eût vu en France.
  3. En 760.