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VIE DE DAGOBERT Ier.

dans le palais de Garches, il tint une assemblée générale. Assis sur un trône d’or, et la couronne sur la tête, selon la coutume des rois Francs, tous les autres rangés devant lui, il commença ainsi : « Ecoutez, ô vous rois, mes très-chers fils, et vous tous grands et vaillans ducs de notre royaume, avant que l’appel subit de la mort n’arrive, il faut veiller pour le salut de son ame, de peur que la mort ne nous trouve mal préparés, et que sans aucun égard elle ne nous enlève la lumière du jour pour nous livrer aux ténèbres et aux tourmens éternels. Tant que nous sommes libres et maîtres de nous-mêmes, nous devons employer nos biens fragiles à nous acheter dans les tabernacles des cieux une vie impérissable, afin d’obtenir au milieu des justes une place bienheureuse, et de nous assurer les récompenses du Seigneur. Que pouvons-nous faire de mieux que de consacrer nos richesses passagères à secourir les pauvres par des aumônes dans les lieux saints, afin de mériter que le Seigneur nous prodigue les fruits toujours renaissans du Paradis ? Quiconque demande à s’abreuver dans cette source vive ne se voit jamais refuser la coupe, et la source n’est jamais moins abondante ; chaque fois qu’il y puise il se sent inondé d’une douceur céleste et embaumé des plus suaves parfums. Examinant donc ma conscience et les péchés de mon cœur, songeant au compte que j’aurai à rendre à ce roi suprême, j’ai redouté son jugement et craint de subir les peines qui attendent les malheureux mortels ; j’ai désiré aussi la gloire immense des justes et n’ai pas voulu que le dernier jour qui me sera accordé par la vo-