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VIE DE DAGOBERT Ier.

vie solitaire ; beaucoup de navigateurs venaient à lui pour obtenir l’appui de ses prières. Ansoald, poussé par la volonté de Dieu vers le séjour honoré des mérites d’un tel homme, s’entretenait avec lui des joies célestes, lorsque le vieillard lui demanda d’où et pourquoi il était venu. Informé qu’il était parti de la Gaule, et pour telle affaire, le vieillard lui demanda encore de lui raconter les mœurs et la conduite de Dagobert, roi des Francs. Ansoald l’ayant fait avec soin, le vieillard lui dit qu’un certain jour, comme, déjà brisé par l’age et fatigué de veilles, il se livrait un peu au repos, un homme à cheveux blancs et d’un aspect vénérable s’était présenté à lui, et l’ayant éveillé, lui avait ordonné de se lever promptement, et d’invoquer la clémence divine pour l’ame de Dagobert, roi des Francs, qui, le même jour, rendait son esprit à Dieu. Comme il se disposait à obéir, il vit, à peu de distance sur la mer, les noirs esprits de l’abîme entraînant à travers les flots le roi Dagobert lié sur une barque, et le frappant de coups pour le précipiter dans l’empire de Vulcain, tandis que les bienheureux martyrs saint Denis, saint Maurice et le saint confesseur Martin réclamaient à grands cris la délivrance de ce roi. Aussitôt la foudre gronda dans le ciel, souleva sur la mer les tempêtes, et au milieu de ces éclats, le solitaire vit apparaître tout-à-coup des hommes d’un glorieux aspect, et couverts de vêtemens blancs. Il leur demanda en tremblant qui ils étaient, « Nous sommes, lui répondirent-ils, Denis, Maurice et Martin, que Dagobert a appelés à son secours, afin que l’enlevant aux enfers, nous prissions soin de le déposer au sein d’Abraham. » Les