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NOTICE

La rivalité d’Ébroin et de saint Léger est l’une de ces vicissitudes barbares. Tant que dominait Ébroin, l’évêque d’Autun était le chef de la coalition de ses ennemis ; dès qu’Ébroin était renversé, les mêmes désordres, les mêmes crimes reparaissaient sous le gouvernement de saint Léger ou de ses alliés. D’autres opprimés, d’autres proscrits se réunissaient alors autour d’Ébroin et le ramenaient à la puissance. À vrai dire, il n’y avait là ni parti aristocratique, ni parti de la couronne, ni parti des hommes libres. Un certain nombre de chefs avides, suivis de leurs fidèles, se disputaient et se ravissaient tour à tour les dépouilles du trône et de la société.

Dans cette anarchie et sous le pompeux langage des panégyristes, il est difficile de démêler quels ont pu être les talens ou les mérites de saint Léger. Cependant il y a un fondement à toute grande impression produite sur l’esprit des peuples ; et l’on ne peut douter que l’évêque d’Autun n’ait passé, de son temps, pour un grand homme et un glorieux martyr. Le courage qu’il déploya plusieurs fois en allant seul au-devant de ses ennemis, sa résistance dans le siège d’Autun, sa fermeté au milieu des tortures, l’empire qu’il exerça dans l’exil, sur ses gardes, sur ses bour-