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vie de saint léger

œuvre à laquelle ma conscience me fait sentir que mes forces ne suffisent point.

Le glorieux et illustre Léger, évêque de la ville d’Autun, martyr nouveau dans nos temps chrétiens, était issu d’une noble famille[1] ; avec l’aide de la grâce divine, à mesure que, sortant du premier âge et croissant en force virile, il s’éleva de degrés en degrés, il se montra excellent par dessus tous les autres. Il fut élevé avec soin par son oncle Didon, évêque de la ville de Poitiers ; celui-ci était au-dessus de tous ses voisins par sa remarquable prudence et ses immenses richesses. Léger s’appliqua chez lui à toutes les études auxquelles ont coutume de s’adonner les puissants du siècle : il fut dressé et poli en toutes choses par la lime de la discipline, et parvint dans cette même ville à la dignité de l’archidiaconat. On vit briller sur-le-champ en lui un tel éclat de science et de fermeté qu’il parut au dessus de tous ses prédécesseurs ; n’ignorant pas la règle des lois du monde, il fut un juge terrible des séculiers, et plein de la science des dogmes canoniques, se montra un docteur excellent pour les clercs. N’ayant jamais été amolli par les plaisirs de la chair il fut rigoureux dans la conduite des pécheurs, veilla toujours avec soin aux offices de l’église, fut habile dans les raisonnemens, prudent dans les conseils, et brillant dans ses discours. Il arriva que la nécessité força de l’ordonner évêque d’Autun[2] ; peu de temps auparavant en effet il s’était élevé une querelle entre deux hommes au

  1. Vers l’an 616.
  2. En 661.