Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/354

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je vous le demande, de combattre ces gens ; s’ils sont venus seulement à cause de moi, je suis prêt à satisfaire leur volonté et à calmer, à mes dépens, leur fureur ; seulement ne sortons pas d’ici sans avoir été entendus ; envoyons un de nos frères leur demander pour quelle cause ils assiègent la ville. Aussitôt on fit descendre par le rempart l’abbé Méroald, et, arrivé auprès de Diddon, il lui dit : Si nos péchés nous ont attiré ce traitement, je vous prie de vous ressouvenir de cette sentence évangélique où le Seigneur a dit : « Si vous ne pardonnez point aux hommes lorsqu’ils vous ont offensé, votre père ne vous pardonnera point non plus vos péchés[1] ; et celle-ci : Vous serez jugés selon que ce vous aurez jugé les autres[2] ; » et il le pria de faire cesser l’attaque et de recevoir tel rachat qu’il voudrait. Mais le cœur de ces gens, comme autrefois celui du roi d’Égypte, avait la dureté de la pierre, et Méroald ne put en rien les amollir par les divines paroles. Diddon lui répondit avec menaces qu’il ne quitterait pas le siége de la ville jusqu’à ce qu’il eût pris Léger et assouvi dans son sang le désir insensé de leur fureur ; à moins qu’il ne jurât fidélité à ce Clovis qu’ils avaient faussement fait roi : c’était là un prétexte feint, et tous assuraient avec serment que le roi Théodoric était mort.

L’homme de Dieu ayant appris ces paroles, répondit de la sorte : « Qu’il soit connu à vous tous, tant mes frères et amis que mes ennemis et adversaires, que tant que Dieu voudra me conserver en vie, je

  1. Évangile sel. S. Math. chap. 6, v. 15.
  2. Ibid., chap. 7, v. 2.