Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/356

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son ennemi, et sa présence coûta à l’église presque tous ses trésors. On trouva en effet une occasion de racheter la ville et l’on prit, sur l’argent de l’église, cinq mille sous, sans compter ce qui avait été enlevé aux citoyens. Si l’église souffrit aussi de grands dommages dans ses biens passagers, le Seigneur ne permit pas du moins que personne fût emmené en captivité.

Les ennemis après s’être joyeusement partagé les dépouilles remirent l’homme de Dieu en garde à Waimer qui retourna dans son pays avec sa troupe. Desiré, dit Diddon, partit avec Bobbon et Adalric qu’on voulait faire duc de cette province pour aller soumettre le patriciat de Lyon ; leur intention était de chasser Genêt de cette cité comme ils avaient expulsé Léger d’Autun. Mais les peuples rassemblés en force armée, avec l’aide de Dieu, les empêchèrent de pénétrer.

Quand ceux qui avaient emmené Léger, le serviteur de Dieu, annoncèrent à Ébroin ce qu’ils avaient fait, il ordonna qu’on le conduisit au fond d’une forêt, fit répandre une fable sur sa mort, disant qu’il avait été noyé dans les eaux, et prescrivit même de lui construire un tombeau en attendant qu’il succombât à la souffrance d’une longue faim. Celui qui a vu ou entendu ces choses peut dire qu’elles se sont bien passées ainsi. Mais le Seigneur, qui avait nourri, par un corbeau, Élie dans le désert, n’abandonna point son serviteur. Lorsque le martyr de Dieu eut longtemps supporté la faim sans en mourir, Waimer pensa que la nature humaine n’aurait pu résister de la sorte, si la grâce de Dieu ne l’eût soutenue ; il ordonna qu’on amenât Léger dans sa maison, et ses dures entrailles