Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/367

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miséricorde, et de me rendre digne de participer aux mérites de tes saints et à la vie éternelle. Accorde le pardon à ceux qui me persécutent, car j’espère, Père très clément, que par leur action je serai glorifié devant toi. » Il se leva, tendit la tête, et exhorta le bourreau à faire son office. Lorsqu’il eut parlé, celui-ci étendit le glaive et lui coupa la tête. L’on dit que son corps demeura debout presqu’une heure entière. Le bourreau voyant qu’il ne tombait pas tout de suite, le poussa du pied, afin qu’il fût plutôt à terre ; mais peu après, saisi par les démons, il perdit l’esprit, et frappé par la vengeance de Dieu, se jeta dans le feu, et y finit sa vie.

Alors le bienheureux martyr fut, par l’ordre de la femme de Chrodobert, emporté en secret par les siens avec de grands pleurs, dans sa maison de Serein, et par la volonté de cette femme, il y fut enterré dans un petit oratoire avec les vêtemens dans lesquels il avait été tué.

En ce temps, un certain prêtre, chargé du service de cet oratoire, vit, pendant la nuit, une lumière briller dans ce lieu sans aucune intervention humaine. Il assure, avec de terribles sermons, qu’il entendit les anges chanter un cantique, et qu’il s’enfuit tout tremblant pour ne pas assister insolemment à ce spectacle spirituel. Le bruit s’en répandit dans tous les environs. Le vénérable martyr guérit beaucoup de troupes de malades affligés de diverses infirmités, et qui venaient invoquer ses saintes prières. Il fit marcher les boiteux, voir les aveugles ; il délivra des démons ceux qui en étaient possédés, et brilla par beaucoup de prodiges dans ce lieu vénérable où re-