Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/373

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la main, reprenait aussitôt son ancienne santé. La guérison n’était refusée à nul homme s’il touchait avec foi la frange de la couverture du cercueil. Dans le territoire de Cahors, à la demande de plusieurs fidèles, et surtout de l’abbesse Herménane qui, entre autres personnes, nous a surtout poussé à écrire les choses connues sur les vertus du saint ; à leur demande, dis-je, Audulf, dont j’ai déjà parlé, composa de cette translation une relation véridique, et ne pouvant, à cause de leur nombre, y insérer tous les miracles, il raconta seulement ceux que lui-même il avait vu éclater ; car, dit-il, si quelqu’un voulait écrire tout ce qui a été vu en cette occasion, le volume excéderait en grosseur le livre des psaumes. Quant à nous, nous ferons connaître brièvement, à ceux qui désirent le savoir, ce que nous a appris cette relation.

Dans une ville, nommée Jouy, était une jeune fille nommée Radingue, qui, depuis sept ans, était dans la maison de ses parens, aveugle, muette et paralytique ; portée par eux, elle toucha le cercueil du bienheureux martyr, et elle assure qu’endormie la même nuit, elle vit deux hommes tout brillants et à cheval, placés à côté d’elle ; s’étant éveillée, elle s’étonna de cette vision, et aussitôt ses yeux reprirent la vue, ses pieds purent marcher, et sa langue rendit son office, si bien qu’elle s’écria : « Je te rends grâces, Dieu tout-puissant, de ce que, par le saint martyr Léger, tu as daigné me rendre une entière santé. » Après cette action de grâces, elle se leva saine de tous ses membres, et retourna chez elle avec ses parens, désormais appelée à vivre longtemps.