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VIE DE PEPIN-LE-VIEUX.

tion des affaires le bienheureux Chunibert, évêque de Cologne, également illustre par la renommée de sa sainteté. On peut juger de quelle ardeur d’équité était enflammé celui qui donnait à sa conduite des surveillans si diligens et de si incorruptibles arbitres. Ainsi, ennemi de toute méchanceté, il vécut soigneusement appliqué à la pratique du juste et de l’honnête, et, par les conseils des hommes saints, demeura constant dans l’exercice des saintes œuvres.

Cet illustre prince, d’abord maire du palais sous le roi Clotaire, père de Dagobert, jouit auprès de lui d’un rare pouvoir et de la plus haute considération ; car le roi connaissait et sa droite piété envers le Seigneur notre Dieu, et son fidèle dévouement envers lui. Lorsqu’il se proposa de couronner son fils Dagobert roi d’une partie de ses vastes États, comme il ne se fiait point à son âge trop faible encore et à son esprit trop peu mûri, ce fut de Pépin qu’il fit choix entre tous les grands pour diriger l’âge tendre du jeune roi, et pourvoir à l’administration de son royaume[1]. L’adolescent lui fut donc remis entre les mains, et envoyé en Austrasie, pour y régner avec l’appui des conseils et de l’habileté d’un très-sage gouverneur. Pépin s’appliqua non moins à inculquer au jeune homme dont il s’était chargé la crainte de Dieu et l’amour de la justice, qu’à l’orner d’habitudes excellentes, lui enseignant ce qui est écrit : « Lorsqu’un roi juge les pauvres dans la vérité, son trône s’affermira pour jamais[2]. » Par sa sagesse, non seulement Dagobert gouverna heureusement cette partie

  1. En 622.
  2. Prov. chap. 29, vers. 14.