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VIE DE PEPIN-LE-VIEUX.

Elle s’ouvrit au pieux consolateur des saintes résolutions de son ame, et sollicita de sa main le voile sacré en signe de chaste viduité et de dévote continence. Alors, élevant les mains et les yeux tournés vers le ciel, il bénit le Seigneur qui avait jeté dans l’esprit de sa servante un si saint désir qu’elle prévenait les exhortations qu’il était venu lui apporter. « Je rends grâce à Dieu, dit-il, et à Notre Seigneur Jésus-Christ, qui a rendu la gloire du monde méprisable à tes yeux, au prix de son amour, et, chassant de ton cœur les attachemens de la concupiscence charnelle, y a fixé les racines de sa sainte dilection. Accomplis, sainte femme, ce que tu as commencé par l’inspiration divine. Le temps des embrassemens est passé, le temps est venu de se tenir éloignée des embrassemens, car la figure de ce monde passe. C’est pourquoi tu as choisi un très-sage conseil, ô mère sainte, de vouloir devenir l’épouse du Christ, et demeurer exempte de tous liens. Car, selon le témoignage de l’apôtre, la femme qui n’est point mariée s’occupe du soin des choses du Seigneur, afin d’être sainte de corps et d’esprit, mais celle qui est mariée s’occupe du soin des choses du monde, et de ce qu’elle doit faire pour plaire à son mari[1] ; et le jugement que tu en fais ne vient pas plus des paroles de l’apôtre, que de ce que tu as appris par ta propre expérience. Mets donc à fin, bienheureuse veuve, ce que ton esprit a conçu, et la miséricorde de Dieu, venue au devant de toi pour t’inspirer la volonté de vivre dans la continence, t’accompagnera de son secours pour te donner le

  1. 1re. Ép. de S. Paul aux Corinth. chap. 7, v. 34.