Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/400

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
392
VIE DE PEPIN-LE-VIEUX.

dans son espérance, large dans sa charité, sublime dans sa foi, soumise dans son humilité, longuement appliquée au jeûne et à l’oraison, constamment assidue à la méditation des psaumes, et douée de la grâce éminente d’une continuelle abondance de larmes. Elle avait toujours devant les yeux sainte Anne en qui a commencé, dans le nouveau Testament, la continence du veuvage, et qui, dans sa viduité, ne quitta point le temple jusqu’à l’âge de quatre-vingts ans, observant jour et nuit le jeûne et l’oraison. Elle portait ainsi en son corps la mortification de Jésus, évitant avec un soin extrême l’infamie de l’arrêt prononcé par l’apôtre : « La veuve qui vit dans les délices est morte[1]. » Dans la libéralité de ses aumônes, dans l’hospitalité qu’elle accordait aux pèlerins, elle ne suivait d’autre règle que de faire participer les pauvres à ses richesses, autant qu’elle avait de richesses à leur partager ; car celle qui avait donné à Dieu tous ses biens ne devait rien regarder comme lui appartenant plutôt qu’aux indigens. La perfection de toutes les vertus se trouvait en elle tellement accumulée que les sœurs qui avaient commencé, dès les années de leur enfance, à user de son angélique entretien, observaient sa vie d’un esprit attentif, et en prirent un vivant exemple de sainteté. Elle parcourut, infatigable pendant douze ans après la mort de son pieux époux, le sentier des bonnes œuvres ; ensuite, la carrière de cette vie accomplie, elle reçut le prix de la félicité éternelle, et, passant à Dieu dans la soixantième année de son âge, elle reçut soixante fois le fruit dû à une viduité sainte. Elle fut ensevelie dans la basilique du

  1. 1re. Ep. de S. Paul à Timothée, chap. 5, v. 6.