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VIE DE PEPIN-LE-VIEUX.

dard, ensuite martyr, et se retira en ce lieu, où il se dévoua à une vie de plus de continence et discipline, et plus avancée dans l’exercice de la vertu. Grimoald, appliqué à la sainte société, se sentant profiter chaque jour par sa doctrine et ses exemples, lui concéda, pour l’usage des frères consacrés en ce lieu au service de Dieu, les terres environnantes, cultivées et incultes, sur la longueur de douze lieues et autant de large, et revêtit cette concession du sceau du Roi.

En voilà assez sur Grimoald ; mais le mérite respectable des vertus paternelles et maternelles, transmis avec plus d’abondance aux filles de Pépin, rapporta des fruits plus nombreux d’une génération tant charnelle que spirituelle ; car, sans compter pour le présent Gertrude, la glorieuse épouse du Christ, sa sœur Begga, unie d’un heureux mariage avec le duc Anségise, fut mère d’une généreuse famille et des plus illustres rois ; car d’elle naquit Pépin-le-Jeune[1] qu’une vie de toute honnêteté rendit semblable à son aïeul, d’actes et de mœurs aussi bien que de nom. Le roi Childéric, sous lequel le bienheureux Lambert brilla par une éminente sainteté, étant mort sans enfans[2], Pépin, sans avoir le nom de roi, commença à régner en Austrasie avec la puissance royale, fit la guerre à Théodoric, roi des Francs, et le vainquit dans un grand combat avec son duc Berthaire[3]. Peu de temps après, Berthaire ayant été tué par les siens, Pépin força le roi par un traité de paix à lui céder

  1. Pépin d’Héristel.
  2. En 673.
  3. En 687.