Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/42

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peste [inguinairexxvi], et que cette maladie s’était répandue très rapidement jusqu’à un bourg du pays de Lyon nommée Octave. Mais le roi, comme l’aurait pu faire un bon évêque, prit soin d’ordonner des remèdes capables de guérir les plaies contractées par les péchés des peuples. Il voulut que tout le monde se rassemblât à l’église, et que les Rogations y fussent célébrées avec la plus grande dévotion ; que personne ne prît pour sa nourriture autre chose que du pain d’orge et de l’eau pure, et, que tous assistassent constamment aux Vigiles. Cela se fit, ainsi qu’il l’avait ordonné, pendant trois jours ; il répandit ses aumônes encore plus libéralement que de coutume, craignant tellement pour tout son peuple, qu’on l’eût pris non seulement pour un roi, mais pour un prêtre du Seigneur ; mettant toutes ses espérances dans la miséricorde de Dieu, et tournant toutes les pensées qui pouvaient lui survenir vers celui sur qui, dans la pureté de sa foi, il s’en reposait du soin de les rendre efficaces. On rapportait comme une chose notoire parmi les fidèles, qu’une femme, dont le fils était dans son lit cruellement malade de la fièvre quarte, s’étant reprochée au milieu de la foule du peuple jusque derrière le roi, et lui ayant pris adroitement quelques brins de la frange de son vêtement royal, les mit dans de l’eau qu’elle fit boire à son fils, et qu’aussitôt la fièvre cessa, et il fut guéri ; ce dont je ne fais aucun doute ; car souvent j’ai entendu des démoniaques, dans leurs accès, invoquer son nom, et, reconnaissant sa puissancexxvii, s’accuser eux-mêmes de ce qu’ils avaient fait.

Comme, ainsi que nous l’avons dit, la contagion