Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/46

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pays. Il se fit dans cette occasion un tel carnage de l’armée des Francs, qu’on ne se rappelle pas qu’il y en ait eu un semblable.

La quatorzième année du roi Childebert [en 589], passa de ce monde la reine Ingoberge, veuve de Charibert, femme d’une grande prudence, adonnée à la vie religieuse, et point paresseuse aux veilles, aux prières et aux aumônes. Avertie, je crois, par la providence de Dieu, elle m’envoya des messagers pour que je vinsse l’aider à faire son testament, comme elle l’avait projeté pour le salut de son âme, afin de faire rédiger par écrit, lorsque, je serais venu vers elle, et après s’en être consultée avec moi, les choses qu’elle avait déterminé de faire. Je vins, et je le déclare, je vis une personne craignant Dieu. Elle me reçut avec bienveillance, fit appeler un notaire, et s’étant, comme je l’ai dit, consultée avec moi, légua certaines choses à l’église de Tours et à la basilique de saint Martin, et d’autres à l’église du Mans ; et peu de mois après, accablée d’une maladie subite, elle passa de ce monde, à ce que je crois, dans la soixante-dixième année de son âge, laissant une fille unique mariée au fils du roi de Kent [Éhelbert]. Elle donna par son testament la liberté à un grand nombre de gens.

Le duc Amale, avant envoyé sa femme dans un de ses domaines pour y soigner ses affaires, devint amoureux d’une jeune fille de naissance libre. La nuit venue, étant pris de vin, il envoya ses serviteurs pour enlever la jeune fille, et l’amener dans son lit. Elle résistant, ils la conduisirent par force dans sa demeure, la frappant de soufflets, en sorte que le sang coulait à flots de ses narines. D’où il arriva que le lit