Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/53

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Soissons pour le faire entrer dans Paris, parce qu’il veut m’enlever mon royaume ; » ce que Childebert n’avait jamais pu vouloir, s’il est permis de le dire, même en pensée. Gontran parlait aussi en termes outrageants de la reine Brunehault, disant que son fils faisait cela par son conseil, et ajoutant qu’elle avait invité le fils de Gondovald à venir s’unir avec elle en mariage ; en sorte qu’il ordonna qu’un synode d’évêques se rassemblât au commencement de novembre. Plusieurs qui s’étaient mis en route des parties les plus éloignées de la Gaule pour venir à cette assemblée, retournèrent sur leurs pas, parce que la reine Brunehault se purgea par serment de cette accusation ; et Gontran, ayant fait rouvrir les routes, laissa le passage libre aux gens qui voulaient aller avec le roi Childebert.

En ces jours-là, Ingiltrude, qui avait établi un monastère dans l’enceinte de Saint-Martinxxxvii, vint vers le roi pour accuser sa fille. Dans ce monastère vivait Bertheflède, fille du défunt roi Charibert ; mais Ingiltrude étant sortie du monastère, Bertheflède passa dans celui du Mans. Elle était adonnée à la gourmandise et au sommeil, et sans aucun soin du service de Dieu. Je crois devoir rapporter plus en détail l’affaire d’Ingiltrude et de sa fille. Lorsque plusieurs années auparavant, Ingiltrude avait commencé à rassembler, comme nous l’avons dit, dans les cours de Saint-Martin, un monastère de filles, elle écrivit à sa fille, en disant : « Laisse ton mari, et viens, que je te fasse abbesse du troupeau que j’ai rassemblé ici. » Celle-ci ayant écouté ce conseil de l’imprudence, vint à Tours avec son mari, et étant entrée dans le monastère, elle dit à son mari : « Va-t’en, et gouverne nos biens