Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/75

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livrée des chaînes de la vie séculière par les inspirations de la Providence et de la miséricorde divine, j’ai passé volontairement, sous la direction du Christ, à la règle religieuse, m’appliquant de toutes les forces de mon esprit à me rendre utile aux autres, afin que par la volonté de Dieu mes désirs fussent effectués à leur avantage, j’ai élevé et arrangé, par l’institution et les bienfaits du très excellent seigneur le roi Clotaire, le monastère de filles de la ville de Poitiers, et l’ai doté par une donation de tout ce que m’avait accordé la munificence royale. J’ai établi sur cette congrégation, que j’avais rassemblée avec l’aide du Christ, la règle sous laquelle vécut sainte Césarie, recueillie comme il convenait de l’institution des saints Pères, par les soins du bienheureux Césaire, évêque d’Arles, et par le consentement des bienheureux évêques, tant de cette ville que des autres ; et du choix de notre congrégation, j’ai institué abbesse madame et sœur Agnès, que j’avais instruite et élevée comme ma fille dès son plus jeune âge, et je me suis soumise, après Dieu, à lui obéir désormais conformément à la règle. Et, d’après l’observation des formes apostoliques, moi et mes sœurs avons remis entre ses mains, par des chartes, tout ce que nous possédions en ce monde, sans rien conserver pour nous, en entrant dans le monastère, de crainte du sort d’Ananie et de Sapphire. Mais comme la durée et le terme de la vie de l’homme sont des choses incertaines, comme le monde court à sa fin, et que plusieurs s’empressent davantage à servir leurs volontés que les volontés divines, conduite par le zèle de Dieu, j’offre en ce papier mes prières à ceux de