Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/87

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gneur. Toutes les trois heures, des chœurs, chantant les psaumes, venaient à l’église, criant par les rues de la ville : Kyrie eleïson. Notre diacre, qui était présent, assurait que, tandis que le peuple élevait ainsi vers le Seigneur une voix suppliante, dans l’espace d’une heure, quatre-vingts personnes tombèrent et rendirent l’esprit. Cependant l’évêque ne cessa pas de prêcher le peuple pour l’engager à continuer ses oraisons. Notre diacre reçut de Grégoire, comme nous l’avons dit, les reliques des Saints, tandis qu’il était encore dans le diaconat. Comme il se préparait à fuir pour se cacher, il fut pris, entraîné, et conduit à la basilique de l’apôtre saint Pierre, où il fut sacré pape de la ville, et revêtu de l’office pontifical. Notre diacre ne le quitta point jusqu’à ce qu’il fût arrivé à l’épiscopat, et fut de ses yeux témoin de son sacre.

Grippon, revenant de sa mission prés l’empereur Maurice, raconta que, l’année précédente, ayant pris un bâtiment, il était arrivé avec ses compagnons à un port d’Afrique, et s’était rendu à Carthage-la-Grandex. Tandis qu’ils y étaient, attendant un ordre du préfet de la villexi pour leur donner les moyens de se rendre vers l’empereur, un des serviteurs venus avec Évance, ayant dérobé un joyau de la main d’un marchand, l’emporta en leur logis. Celui à qui appartenait la chose le poursuivit, le pressant de la lui rendre ; mais le serviteur le refusa. Cette querelle s’échauffa de plus en plus ; et un jour le marchand, ayant trouvé le serviteur dans la rue, le prit par son vêtement, et commença à le retenir en disant : « Je ne te lâcherai pas jusqu’à ce que tu m’aies restitué ce que tu m’as enlevé par violence ; » et lui, s’effor-