Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Maurice envoya, les mains liées et chargés de chaînes, au roi Childebert, douze des Carthaginois qui, l’année précédente, avaient tué son ambassadeur, lui donnant toute liberté de les faire mourir s’il le voulait, mais promettant que, s’il voulait les relâcher pour une rançon, il lui donnerait trois cents pièces d’or pour chacun d’eux. Il lui demandait de choisir, afin que tout sujet de querelle étant assoupi, il ne s’élevât plus entre eux aucun motif d’inimitié. Mais le roi Childebert refusa de recevoir ces hommes, et il dit : « Nous ne savons pas si les gens que vous nous amenez sont les meurtriers, ou si vous ne nous amenez pas quelques esclaves, tandis que ceux des nôtres qui ont été tués chez vous étaient bien de race libre. » Grippon surtout, qui avait été envoyé en ambassade avec eux au temps où ils furent tués, était présent et disait : « Le préfet vint tomber sur nous avec deux ou trois mille hommes rassemblés et tua mes compagnons, et j’aurais péri moi-même dans ce tumulte si je n’avais pris le parti de me défendre avec courage. Je pourrai donc, en retournant sur les lieux, reconnaître ceux qui les ont tués, et si votre empereur, comme vous le dites, est dans l’intention de demeurer en paix avec notre maître, il doit en exiger vengeance. » Le roi étant convenu d’un terme pour envoyer après eux vers l’empereur, leur donna ordre de s’en retourner.

En ces jours-là Cuppan, autrefois comte des écuries du roi Chilpéric, fit une irruption sur le territoire de la ville de Tours, et se livrant au pillage, voulut enlever les troupeaux et plusieurs autres