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le vase qui lui était échu[1] lxxxii, gardant au fond du cœur une secrète colère. Un an s’étant écoulé, Clovis ordonna à tous ses guerriers de venir au Champ-de-Mars lxxxiii revêtus de leurs armes, pour faire voir si elles étaient brillantes et en bon état. Tandis qu’il examinait tous les soldats en passant devant eux, il arriva auprès de celui qui avait frappé le vase, et lui dit : « Personne n’a des armes aussi mal tenues que les tiennes, car ni ta lance, ni ton épée, ni ta hache, ne sont en bon état ;» et lui arrachant sa hache, il la jeta à terre. Le soldat s’étant baissé un peu pour la ramasser, le roi levant sa francisque, la lui abattit sur la tête, en lui disant : « Voilà ce que tu as fait au vase à Soissons. ]Celui-ci mort, il ordonna aux autres de se retirer. Cette action inspira pour lui une grande crainte. Il remporta beaucoup de victoires dans un grand nombre de guerres. Dans la dixième année de son règne, il fit la guerre aux gens de Tongres[2] [en 491], et les soumit à son pouvoir.

Les Bourguignons avaient pour roi Gondeuch, de la race du roi persécuteur Athanaric, dont nous avons parlé plus haut lxxxiv. Il eut quatre fils, Gondebaud, Godégisile [Géodisèle], Chilpéric et Godomar. Gondebaud égorgea son frère Chilpéric ; et, ayant attaché une pierre au cou de sa femme, il la noya. Il condamna à l’exil les deux filles de Chilpéric. La plus âgée, ayant pris l’habit, s’appelait Chrona, et la plus jeune Clotilde[3] lxxxv. Clovis

  1. Apparemment un autre vase, car rien n’indique que celui que redemandait saint Rémi n’eut pas été brisé par le coup de francisque, ni que le sort l’eût donné à Clovis.
  2. En 491.
  3. La plupart des manuscrits de Grégoire de Tours la nomment Chrotechilde.