Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/124

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présent de maisons, de champs et de vignes, le garda avec lui, disant : « Le revenu de cette église est assez considérable pour nous entretenir tous deux ; que la charité que recommande le saint apôtre reste au moins entre les pontifes de Dieu. » L’évêque de Lyon lui fit aussi présent de quelques propriétés de son église, situées dans l’Auvergne. Ce qui concerne saint Quintien et les maux qu’il souffrit, aussi bien que les choses que Dieu daigna accomplir par ses mains, se trouve raconté dans le livre de sa vie ciii.

Le roi Clovis dit à ses soldats [l’an 507] : « Je supporte avec grand chagrin que ces Ariens possèdent une partie des Gaules. Marchons avec l’aide de Dieu, et, après les avoir vaincus, réduisons le pays en notre pouvoir. » Ce discours ayant plu à tous les guerriers, l’armée se mit en marche et se dirigea vers Poitiers ; là se trouvait alors Alaric. Mais comme une partie de l’armée civ passait sur le territoire de Tours, par respect pour saint Martin, Clovis donna l’ordre que personne ne prît dans ce pays autre chose que des légumes et de l’eau. Un soldat de l’armée s’étant emparé du foin d’un pauvre homme, dit : « Le roi ne nous a-t-il pas recommandé de ne prendre que de l’herbe et rien autre chose ? Et bien, c’est de l’herbe. Nous n’aurons pas transgressé ses ordres si nous la prenons. » Et ayant fait violence au pauvre, il lui arracha son foin par force.

Ce fait parvint aux oreilles du roi. Ayant aussitôt frappé le soldat de son épée, il dit : « Où sera l’espoir de la victoire, si nous offensons saint Martin ? » Ce fut assez pour empêcher l’armée de rien prendre dans ce pays. Le roi renvoya des députés à la