Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/164

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monde, car il lui donna trois paires de chacune des choses utiles, tant armes que vêtements et joyaux qui conviennent aux rois. Il en agit de même pour les chevaux et les celliers. Giwald, apprenant que Théodebert était entré en possession du royaume de son père, revint d’Italie le trouver ; celui-ci se réjouissant et l’embrassant, lui donna la troisième partie des présents de son oncle, et ordonna qu’on lui rendît, des biens de son père Sigewald, tout ce qui en était entré dans le fisc.

Affermi dans son royaume, Théodebert se rendit grand et remarquable en toutes sortes de vertus, car il gouvernait ses États avec justice, respectait les prêtres, enrichissait les églises, secourait les pauvres, et plein de compassion et de bonté, mit beaucoup de gens à leur aise, par un grand nombre de bienfaits. Il remit généreusement aux églises d’Auvergne tous les tributs dont elles étaient redevables à son fisc.

Deutérie voyant sa fille devenue adulte, et craignant qu’elle n’excitât les désirs du roi, et qu’il ne la prit pour lui, la mit dans un chariot attelé de bœufs indomptés, qui la précipitèrent du haut d’un pont, en sorte qu’elle périt dans un fleuve [probablement lz Meuse]. Cela se passa près de la ville de Verdun.

Il y avait déjà sept ans que Théodebert avait été fiancé à Wisigarde, et à cause de Deutérie il n’avait pas voulu la prendre pour femme ; mais les Francs le blâmaient unanimement de ce qu’il avait abandonné son épouse. Alors irrité de cette action, il quitta Deutérie dont il avait un fils enfant, nommé Théodebald, et épousa Wisigarde. Il ne la conserva pas longtemps, elle mourut, et il en épousa une autre, mais ne reprit jamais Deutérie.